Taxe municipale sur les plus-values et transfert sans gain
Patrick Gordinne Perez2024-04-04T18:36:29+00:00Un récent arrêt de la Cour suprême permet de demander le remboursement de l’impôt municipal sur les plus-values payé sur les transferts de terrains qui n’ont pas pris de valeur, même dans le cas de liquidations définitives…
Qu'est-ce que la plus-value municipale en Espagne ?
En Espagne, il existe deux impôts sur les plus-values :
- l’impôt sur les plus-values foncières (sur le terrain)
- L’impôt sur les plus-values immobilières (sur le bien immobilier)
La plus-value municipale est l’impôt sur les plus-values foncières.
Il s’agit du bénéfice réalisé uniquement sur le terrain lors de la vente d’un bien immobilier.
En d’autres termes, toutes les propriétés en Espagne ont une valeur de propriété et de terrain. Cette valeur (propriété et terrain) est indiquée dans le reçu Ibi et est établi par le cadastre.
La plus-value municipale est la différence entre la valeur du terrain au moment de la vente et celle au moment de l’achat.
L’impôt sur les plus-values est généralement réglé par les conseils locaux ou la mairie, bien que dans la Communauté valencienne, il soit réglé par la SUMA.
Plus-values municipales sur un héritage
La Cour constitutionnelle a confirmé qu’aucun impôt communal sur les plus-values n’est dû en cas de vente à perte d’un bien immobilier… Et en cas d’héritage ?
L’arrêt
La Cour constitutionnelle a confirmé qu’en cas de vente d’un bien immobilier sans augmentation de la valeur du terrain, aucun impôt municipal sur les plus-values n’est dû.
Par conséquent, si vous allez vendre un bien immobilier et que cette vente génère une perte, vous devez vous opposer au paiement de l’impôt. Et si vous avez déjà autoliquidé l’impôt sur les plus-values, demandez-en le remboursement.
Taxe sur les plus-values lors d’une succession
Toutefois, ces décisions fournissent également des arguments pour s’opposer au paiement (ou demander un remboursement) lors de transferts de biens par héritage (ou donation), dans lesquels l’impôt sur les plus-values doit être payé par l’acquéreur :
- Selon la Cour, pour que cet impôt soit dû, il faut qu’il y ait eu une augmentation de la valeur du terrain pendant la période d’occupation du propriétaire précédent, car ce n’est que dans ce cas qu’il y a une réelle capacité économique de la part du contribuable.
- Elle ouvre donc la possibilité de réclamer dans tous les cas où cette condition n’est pas remplie, et pas seulement en cas de vente (comme, par exemple, si un bien a perdu de la valeur depuis la date à laquelle le propriétaire initial l’a acquis).
Réclamer les plus-values
Si vous vous trouvez dans cette situation et que le bien dont vous héritez a perdu de la valeur, vous pouvez vous opposer au paiement de l’impôt :
- Si dans votre commune il existe un système de communication (c’est la mairie qui règle l’impôt et réclame le paiement), communiquez l’acquisition et faites valoir qu’il n’y a pas d’obligation de paiement en application de ces arrêts.
En général, le délai pour cette notification est de six mois à compter de la date du décès (prolongeable jusqu’à un an sur demande).
- Par ailleurs, si l’impôt est perçu par autocotisation, il est possible de le présenter avec une dette fiscale nulle.
Vous pouvez également payer et, immédiatement après, contester l’auto-évaluation en demandant le remboursement des revenus indus.
Réclamation également dans le cadre de transferts d’héritage lorsque le bien n’a pas pris de valeur. Ces décisions fournissent des arguments en ce sens.
DÉCISIONS CONSTITUTIONNELLES
Deux décisions sur les plus-values municipales
Il y a quelques années, la Cour constitutionnelle a rendu deux arrêts importants contre le mode de calcul de l’impôt sur les plus-values municipales, ce qui a entraîné une modification de la loi :
- En mai 2017, elle a jugé inconstitutionnel d’exiger un tel impôt sur les transferts de terrains sans augmentation de valeur.
- En octobre 2021, elle a étendu l’inconstitutionnalité à l’ensemble de la méthode de calcul de l’impôt.
Effets temporaires de la décision relative à l’impôt sur les plus-values municipales
En réalité, si la Cour constitutionnelle a limité les effets temporaires de son deuxième arrêt, elle ne l’a pas fait dans le premier.
Dans le second arrêt, il a été établi que les impositions définitives notifiées avant la date à laquelle l’arrêt a été rendu ne pouvaient pas être rectifiées, pas plus que celles qui, bien que non définitives, n’avaient pas été contestées jusqu’à cette même date.
Or, dans le premier arrêt, le tribunal n’avait rien dit à ce sujet.
La Cour suprême admet la possibilité d’entamer une procédure de nullité totale dans le cas des avis d’imposition sur les plus-values municipales émis par l’administration. Cela ne sera pas possible dans les affaires qui ont déjà été jugées et qui ont fait l’objet d’un jugement définitif.
Interprétation de la cour suprême
Règlements susceptibles de faire l’objet d’un recours
En raison de ce manque de prévoyance, la Cour suprême considère que lorsque des terrains ont été cédés sans augmentation de valeur, il est possible de demander le remboursement de la plus-value municipale payée sur la base des avis d’imposition émis par le Trésor public.
Selon la Cour, cela est possible même si la liquidation est déjà définitive parce qu’elle n’a pas fait l’objet d’un recours à l’époque (le contribuable dispose d’un mois pour réclamer).
Nul et non avenu
La Cour interprète que ces impositions sont nulles et non avenues, car elles violent les principes constitutionnels de capacité économique et de non-confiscation.
Pour cette raison, elle a modifié son critère précédent et considère maintenant que cette inconstitutionnalité peut être incluse dans les cas où elle peut être déclarée nulle et non avenue.
Implications pratiques pour les plus-values
Rembourssement
Le fait que ces règlements soient nuls et non avenus est important :
- S’ils étaient seulement « annulables », ils auraient été valables pour interrompre le délai de prescription et, une fois le délai d’un mois écoulé depuis leur notification, ils ne pourraient plus faire l’objet d’un recours.
- En revanche, s’ils sont déclarés « nuls et non avenus », la procédure est réputée n’avoir jamais été engagée.
Par conséquent, bien qu’elle soit devenue définitive, il est toujours possible d’entamer une « procédure de nullité totale » et de demander le remboursement de l’impôt, même si plus de quatre ans se sont écoulés.
Attention
Avant d’entamer l’une de ces procédures, il convient de garder à l’esprit les points suivants :
- Il n’est plus possible de faire appel des règlements réclamés dans le passé et devenus définitifs, car il s’agit d’affaires déjà jugées et ayant fait l’objet d’un jugement définitif.
- Le jugement porte sur les avis d’imposition émis par les autorités fiscales.
En ce qui concerne les auto-évaluations, nous devrons attendre de voir si les tribunaux adoptent le même critère et permettent également de les réclamer par le biais de la procédure de nullité totale (la loi réserve cette procédure aux actes administratifs).
Source
Tribunal Supremo, 28 de febrero de 2024.
Cour constitutionnelle, 11 mai 2017 et 26 octobre 2021.